Chapitre Un
Flip… flop…
J’ignorais depuis combien de temps mon esprit vagabondait au son des gouttes d'eau qui tombaient du plafond. Une heure ? Deux ? Peut-être plus, le temps m’était arraché depuis longtemps. Il était si aisé de virer complètement fou dans une prison que je m'estimais heureux de ne pas avoir cédé mon esprit à la folie. Pour me protéger des dégâts du temps, je laissais ma tête valser à travers les songes ou bien en écoutant un bruit quelconque - comme les gouttes d’eau sur le sol. Il m’arrivait aussi de plonger dans les murmures pour me perdre, chose qui était difficile à faire lorsque deux détenus décidaient de se détester. Les conflits intérieurs étaient, pour certain, un moyen de s’évader à leur manière. Lorsqu’on est en prison, n’importe quelle distraction devient aussi importante que de regarder le hockey pour les plus grands amateurs de ce sport. Du haut de mes dix-huit ans, j’étais l’un des plus jeunes détenus de cette prison. J’avais cependant de la chance, pour le moment du moins, je partageais ma cellule avec personne. J’aimais beaucoup le luxe de ma solitude ainsi que mon intimité. La cellule de prison étant étroite, sommairement aménagée, équipée de barreaux aussi massif qu’un taureau. Cette pensée me fait sourire. Un coin de mon esprit venait d’imaginer Joe Boune avec son masque à cornes, habillé de son fidèle chandail rouge - sa couleur qui lui était propre. C’était un peu sa marque de commerce dans le côté plus sombre de ses activités. Même s’il disait avoir tout quitter pour la femme de sa vie, je savais qu’il gardait encore des traces de son passé dans sa manche. Lorsqu’on plonge dans le criminel, on ne s'en sort jamais vraiment. Pour preuve ainsi que le meilleur exemple de cette affirmation : mon père. Il avait grandi dans le milieu avec ses frères. C’était sa vie. Une vie qu’il a prétexter arrêter pour l’amour ainsi que la sécurité de sa femme (ex-femme dans l’occurrence) et ses enfants. C’était faux. Il n'a même pas hésité de replonger dans les ténèbres au grand chagrin de ma mère. Même que j’ai suivi ses traces sans m’en rendre compte. Pourtant, j’avais un bel exemple de conduite avec ma mère. La pureté à l’état pur, une dame qui gagne sa vie de manière exemplaire. Il n’y avait rien de mal chez Romy Sanders, sauf peut-être son côté de femme rancunière. Il était si aisé de perdre sa confiance, même qu’il fallait un contrat de plusieurs milliers de pages afin de lui déposer une demande de pardon. Malgré ce côté plus pointilleux, elle ne souhaitait tout de même pas le mal même à son ennemi. La noirceur de mon père n’avait pas eu raison de son bon cœur. Cela en était presque irréel. La seule chose qu’elle avait perdue de ce combat, ce fut son sourire. Cette pensée me fait serrer les poings d’un air grincheux. Ma mère ne souriait plus. Du moins, pas d’un sourire unique. Les gens qui ne la connaissait pas ne percevaient pas la différence derrière sa mascarade, sauf qu’il était d’une évidence même que son sourire était tout simplement faux. Il n’y avait plus de joie de vivre. Si mon père ne pouvait plus la sauver, c’était de mon devoir de le faire. Bien qu’elle pouvait compter sur mon frère, Aaron, pour jouer le rôle du jumeau modèle. On dit qu’il y avait toujours un bon jumeau et un mauvais. Cette affirmation n’est rien de plus vrai dans notre situation. J’avais choisi de me salir les mains pour garder cette image, c’était donc pour cette raison que j’étais en prison aujourd’hui. Par prétexte afin d’arriver à un seul et unique but : ‘’ Trouver Charles Sanders ‘’.
Charles Sanders.
Alias, mon grand-père du côté maternel. Un homme cynique, froid et obsédé par l’argent. Cette addiction qui l’a poussé dans les jeux de hasard. Puis, ses jeux l’ont entraîné dans une déchéance jusque dans le fond. C’était l'image typique du vilain dans les romans bon marché, un véritable cliché qui ne pouvait exister que sur papier. Pourtant, même au fond, il avait creusé encore plus pour s’enfoncer. Manipulateur, il avait réussi à se faire offrir un contrat pour nettoyer ses dettes de jeu. C'est ce qui le poussa à accepter un contrat sur sa propre fille. Ils offraient de payer tous ses soldes en souffrance en échange d'une preuve qu'il avait pris la vie de ma mère. Prêt à tout, il avait tenté de lui arracher son existence, mais heureusement pour nous il échoua toutes ses tentatives. Par contre, ma mère gardait les conséquences de ses actes le restant de sa vie. Du au traumatisme, à chaque fois que Romy se cognait la tête, il y avait risque qu'elle oublie un passage de sa vie. Une pensée des plus effrayante. La seule fois que j'ai cru apercevoir mon grand-père était au travers des vitres teinté d'une voiture de luxe noir - un bref moment qui remonte déjà à des mois. Si je pouvais le situer dans le temps, ce serait un peu avant mon entrée en prison. Mon seul et unique but dans ce taudis était de rencontrer une personne qui avait été arrêtée par Charles et lui retirer des informations sur sa location. Comme il travaillait pour lui avant de se faire prendre, celui-ci devait ronger une haine qui serait facile à utiliser pour arriver à mes fins. Cet homme, toutefois, ne prenait aucune visite et le seul plan pour me rendre à lui était de le rejoindre à l'intérieur des murs de prison. J'ai donc planifié un moyen sans avoir trop de temps et le tout avec une porte de sortie. Mon but n'était tout de même pas de rester en prison le restant de mes jours.
Malheureusement pour moi, les premiers mois ont été très difficiles. Un petit jeune dans une prison ont été d'un sujet suffisant pour attirer l'attention des détenus plus âgés et qui résidait à l'intérieur depuis plusieurs années faisant d'eux nos aînés. Ainsi, leur plus grande amusement était de venir me provoquer à chaque occasion présenter. Ce fut des mauvaises idées. Je retenais du caractère très fort de mon père, que je le veuille ou non, qui avait trop d'orgueil pour me laisser marcher sur les pieds. Du coup, j'ai terminé mon premier temps en isolement pour ma sécurité, mais surtout celle des autres. Je ne voulais pas me vanter, malgré ceux qui sont plus gros que moi ne pouvait rien faire contre mes coups de poings. J'avais, après tout, appris du meilleur dans ce domaine. Nous ne pouvions pas lui retirer cet honneur. J'ai grandi en me battant tous les jours, aussi infime était la raison. Celle-ci se transformait et devenait suffisante pour en venir à la violence. J'en avais surtout le besoin ainsi que le désir de me battre. C'était au fond de moi. Comme une roulette brisée, pour tourner, il me fallait pousser les limites de l'acceptable. Je devais faire mal et avoir mal en retour. J'étais brisé, aucune pièce assez stable pour me réparer, juste bon pour la décharge. Ce fut, donc, des murs blancs sans fenêtres ni rien qui passa les premiers moments en prison avec moi. Une fois sorti, ce fut au tour de Grant Connor (l'homme de ma mission) de rentrer en isolement. Il semblerait qu'il s'était battu avec un gardien de sécurité. A cause de cet incident, sa cote de dangerosité augmenta, ce qui l'empêchait désormais de vivre avec la population. Dans cette prison, nous étions focalisés sur notre comportement. Celle-ci changeait selon nos bonnes actions des mauvaises. Plus nos actions étaient mauvaises, plus nous restions pris dans l'aile maximum. Ce qui veut dire, aucune sortie, autant dehors que de visiteur. Cela pris plusieurs semaines pour qu'il baisse sa cote et revienne en population générale. C'était aujourd'hui. Un jour qui me rendait impatient, je le sentais jusque dans mes paumes de mains. J'aurais enfin mes réponses pour sortir d'ici et retrouver mon grand-père. Je me vengerai de tout ce qu'il a fait à ma mère. Je ne pouvais retenir un rictus. J'étais sûr que si un miroir était devant moi, mon allure ressemblerait a un vrai psychopathe prêt à traquer sa proie.
Ajouter un commentaire
Commentaires